Imaginez que vous êtes un géant et que vous vous retrouvez en plein centre de Paris tel King Kong. Qu'est ce que vous feriez de délirant ? Moi perso, je pèterai sur Matignon pour rigoler puis je piétinerais tous les badauds en balade sur les Champs Elysées, histoire de me faire mon propre tapis rouge couleur sang. Ensuite je jouerai aux fléchettes avec la tour Eiffel en utilisant l'Arche de la Défense en guise de cible... Oué, je suis vraiment grave il faut dire.
Rampage est un vieux jeu né il y a ouate milles ans du cerveau des programmeurs de Midway, à l'époque où les consoles n'étaient capable d'afficher qu'une masse informe de gros carrés à l'écran. Pour cette mouture Wii, l'éditeur "bushiste" nous assène le même concept ancestral en guise de principe de jeu : c'est-à-dire l'annihilation totale de ce qui se trouve à l'écran (bâtiments, véhicules, décors...), le tout sous un chrono impérial et immuable. Sélectionnez votre créature dans un panel de monstres à l'atavisme fort ringarde, puis lancez-vous dans une course folle à la destruction de masse. Car plus vite vous aurez démoli le stage en cours, et plus importants seront les bonus. Point la peine alors de verser dans la finesse, la frénésie et la violence truisme constituant ici les seules mamelles de la victoire. Un soft que le très survolté Trazom aurait adoré pratiquer de façon compulsive. Malheureusement, je ne suis pas Trazom mais monsieur Ty.
Un principe en lapalissade
Un jeu où il faut poser son cerveau à côté de soi avant de tout pulvériser à l'écran, c'est plutôt cool comme concept sur le papier. Mais dans la pratique, cela induit des actions de nature tautologique assez fastidieuses. Pour traduire en langue normale : c'est fort répétitif ! En effet, les premiers soubresauts d'excitations disparaissent assez vite du fait de la monotonie des campagnes. On ne fait qu'atomiser des bâtisses et écraser quelques keums à la chaîne avant de passer au stage suivant, dans un état d'esprit proche de la nonchalance. Même les parties à plusieurs (jusqu'à 4) n'apportent pas de réel plaisir de jeu. On casse la tête de son prochain en plus de défoncer du mobilier urbain, tout ça pour quoi au final ? Car la grisaille ludique emboîte souvent le pas de la satisfaction de l'ego. De plus, l'interface de jeu de Rampage exploite mal la télécommande de la Wii. On aurait aimé pouvoir exécuter plus d'actions en agitant sa manette que de ramasser des badauds et les jeter comme de vieux excréments, ou encore infliger quelques pains mortifères en faisant le geste de bénédiction du pape devant sa télé.
Des cendres naît le vide
Techniquement très moyen, ce n'est pas non plus avec Rampage que la Wii va nous en mettre plein les yeux et nous dévoiler son potentiel graphique. Le soft aurait pu tourner sur une PS2 ou une Xbox qu'on n'aurait pas su faire la différence. Franchement, je commence même à croire que la nouvelle machine de Nintendo est peut-être moins puissante qu'une GameCube. Ceci étant dit, il s'agit d'un autre débat... Bref, pour conclure, on est en présence d'un jeu au concept très simpliste, qui manque de caractère et de leitmotiv pour réussir à nous happer dans son univers bien particulier. Un sentiment de frustration ne peut s'empêcher d'émaner des parties et ce, bien que son intérêt avoué réside dans l'accomplissement du fantasme cathartique de destruction. Freud aurait pu en disserter durant des heures s'il eut été encore en vie. Hélas il est mort, et peut-être bien qu'il se retourne en ce moment dans sa tombe à l'idée qu'il puisse exister un jeu au plaisir aussi atone. Allez, passons à autre chose...